Anne Kellens

(Visionnez ici quelques-unes de ses œuvres)

Anne Kellens (1954) peint ou grave une œuvre hors du temps à laquelle s’attarder, discrète, cependant publique depuis quatre décennies. Art et Marge (Bruxelles), le Musée d’Ixelles, la Bibliothèque Chiroux (Liège), BNP Paribas Fortis et Fortea conservent de ses gravures. Elle a enseigné la gravure à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles (assistante de 1979 à 1983), à l’École des Arts d’Ixelles (professeure de 1985 à 2019) et à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre (assistante de 2011 à 2013). Les Éditions MeMo (Nantes) ont publié son livre d’images Sioux, Soussou et Souzy en 2020. Elle ne résiste pas à l’appel du jouet. Elle montre ceux qu’elle s’offre en spectacle au fil des jours dans sa maison. Choisir et constituer, voilà l’art. L’ordonnancement, un jeu aussi, met en scène l’amitié des choses touchées et des lieux habités.  

Anne a lithographié, taillé des linos, tiré du métal des polychromies selon la méthode Hayter d’encrages par niveaux multiples et d’autres par addition de trois matrices. Puis elle s’est attachée à la matrice unique dont les formes sont réimprimées autant que nécessaire sur une multitude de papiers colorés à découper et à coller pour constituer une seule image. Travail de fourmi, plaisir des petites choses. Anne choisit le crémier qui emballe ses fromages dans du papier imitation gruyère. Ce papier réapparaîtra parmi d’autres récoltés ici et là, qui animent de leurs singularités toutes les formes de la composition en un patchwork patiemment nourri. Les tirages sont constitués de variantes unique chacune, à l’opposé du multiple à l’identique. 

Anne vit son imagerie comme une présence aux choses, en vacance ou en récréation. C’est un exercice d’individuation, un vécu authentique donc véritablement offert. La représentation est par nature nostalgique. C’est le regret de l’innocence plus que celui de moments magnifiés, d’enfance ou d’enfantement, que traduit cet attachement minutieux aux sensations visuelles et tactiles souvent énergétisées par la couleur. Anne crée pour elle-même, personne n’attend d’elle de révélations. Elle trame des scènes d’autant plus fermées que leurs représentations très précises sont évidentes. D’aucuns de lire telles combinaisons signifiantes dans l’identification des objets réunis. Quelle importance dès lors ces modestes exploits de formes et de couleurs vous ont attiré et retenu, ont marqué votre mémoire – vous ont animé ? 

Georges Meurant 


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Un bref documentaire sur la manière dont Anne Kellens crée ses images.