Joëlle Bosmans

Le syndrome de l’écureuil transfrontalier

Joëlle Bosmans est la gardienne d’un territoire aux accents lilliputiens aux confins de Bierbeek et de Beauvechain. Un territoire de l’entre-deux qu’elle quadrille de saison en saison en quête de l’insaisissable. Chaussée de ses bottines, elle n’a de cesse d’explorer ce no man’s land pris en étau entre deux langues. D’un côté, la Flandre, de l’autre la Wallonie. Il n’existe aucune carte de ce pays, explique-t-elle. Juste des bouts de territoires fractionnés sur quatre cartes d’état-major, comme si la représentation en était impossible.

Les promenades de Joëlle n’ont rien d’innocent. Armée de son appareil photographique et de sa besace, elle arpente les sous-bois, traverse les chaussées, coupe à travers champs. Elle se laisse porter par le hasard, zigzague au gré de son humeur ou de rencontres fortuites. Elle prend le pouls de cette discrète déchirure, cherche à en dessiner les contours. Elle enregistre la moindre oscillation de cette terre cherchant à en percer le mystère.

Joëlle est un peu alchimiste, mais aussi naturaliste. Rigoureuse, elle met au point des protocoles expérimentaux. Au cours de ses balades, elle collecte, récolte, ramasse tout ce qui palpite et constitue l’identité de cette invisible frontière. Elle se fait écureuil, récupère la boue de ses bottes, compte le nombre de pas qui sépare son atelier de cette impalpable barrière mentale. Elle lit le paysage, entre les lignes, aussi précise qu’une archiviste : un pas botté équivaut à 80 cm, la distance entre son domicile et de cette suite de fractures est de 1868 pas. Une révolution sismique pour mesurer l’impact de cette fissure dans le paysage !

Joëlle habite presque à cheval sur l’arête frontalière. Elle la scrute. Funambule, elle louvoie à la recherche d’êtres qui, comme elle, cultivent la science de la transfrontalité. Elle observe les allées et venues de chaque côté de cette démarcation. Elle se fait à la fois ethnologue et anthropologue. L’humain la titille. Elle aime tirer le portrait de ceux et celles qui franchissent les lignes, sans se soucier du qu’en dira-t-on, et immortalise ces moments.

Quelques œuvres

Démarche artistique :

Il y a des traces qui s’imposent à moi.

Leur mise en mémoire est incontournable.

Elles ont presque toujours un lien avec l’humain et l’humour, mes plus grandes sources d’inspiration.

Dans ma démarche créative il m’arrive aussi d’intervenir dans l’espace (installations, performances,

sculptures, détournement du quotidien).

La sélection des photos présentées n’est pas exhaustive, ce sont des images prises sur mon chemin

de vie.

C’est « le présent du passé »… résultat du travail du temps, de la lumière, du plein, du vide.

…traces de vie.

Biographie :

Née en 1959.

Régente en arts plastiques formée à l’institut Sainte Marie (Saint-Gilles, Bruxelles, 1981).

A fréquenté les académies d’Etterbeek, d’Ixelles et Wavre en photographie et gravure.

Formation d’animatrice en expression créatrice aux ateliers de l’INSU. Stagiaire d’Anne Dejaifve à l’académie d’été de Libramont.

Carrière professionnelle dans l’enseignement traditionnel (I.S.M.), spécial et en psychiatrie.

Expose pour la première fois en 1986