(Visionnez ici quelques-unes de ses œuvres)
Diane dessine, où qu’elle soit et sur tout ce qui lui tombe sous la main. Il lui arrive même parfois, de dessiner dans son atelier. Ou plutôt devrais-je dire, dans son laboratoire de recherche. Là où toutes les techniques sont mises à l’épreuve, là où tout support est prétexte à de nouvelles expériences.
Parfois elle se contente d’un simple crayon sur une feuille blanche. Une autre fois elle grave, elle découpe, elle colle, elle peint. Et souvent elle mélange le tout, elle sait ce qu’elle veut, alors elle teste, elle rate, elle recommence, elle persiste, et enfin, elle obtient l’image qu’elle voulait.
Souvent son travail s’oriente vers le passé. Elle retravaille de vieux magazines des années 50 pour mieux évoquer la futilité de nos vies. Ou elle choisi de vieilles photos noir et blanc, souvent mystérieuses, avec parfois une certaine nostalgie. Celle des histoires racontées par les parents et grands parents.
Diane dessine, parce qu’elle en a besoin.
Thierry Massin est photographe, régisseur au Musée de la photographie à Charleroi et responsable de la collection d’appareils. Il est aussi collectionneur de photographies vernaculaires, anonymes, anciennes.
Diane Delafontaine et Thierry Massin collaborent depuis quelques années autour des fonds d’images qu’il a constitués. Leur démarche se révèle attentive à la poésie du banal, aux petits mystères du quotidien, mais aussi aux détournements loufoques, aux histoires à l’envers et aux collisions improbables chères aux surréalistes.
« Quand j’ai acheté la maison où j’habite maintenant, dans le grenier j’ai découvert des caisses de vieilles revues de mode, car l’ancienne propriétaire était une couturière. J’ai été tout de suite attirée par ces vieilles publicités qui montraient des femmes souriantes, bien habillées, épanouies dans les travaux ménagers et autres «occupations féminines »… Pourtant on sait bien ô combien c’est faux! Alors, sans trop y penser, je me suis mise à les découper, à les retravailler, et voilà que mes premiers collages ont vu le jour. Depuis, j’ai souvent puisé mon inspiration des manuels d’éducation des jeunes filles ou pour femmes des années 50. »
Extrait d’un article paru dans « axelle » avril 2012
Il est difficile pour moi de dissocier les illustrations de mon engagement féministe. Au quotidien, notamment dans mon travail, je suis confrontée au vécu des femmes. Il s’agit souvent de parcours difficiles, voire douloureux. Pour moi, la créativité est une manière d’exorciser et d’ironiser ce qui enferme, encore actuellement, les femmes dans des carcans discriminatoires.
L’illustration permet de pointer les stéréotypes véhiculés dans notre société en utilisant l’ironie. C’est un espace de liberté pour dénoncer des mécanismes inégalitaires dont les femmes sont encore aujourd’hui victimes.
La matière première de mes illustrations s’inspire principalement de textes ou d’images des années 50, 60 (de magazines féminins, marabout flash,…). Mon travail s’agrémente également aujourd’hui d’écrits plus récents, notamment via Internet qui prodigue un nombre incroyable de conseils stéréotypés aux femmes.
Je souhaite mettre en avant l’effet pernicieux des petites discriminations quotidiennes. Celles qui ne se voient plus, celles qui structurent la société, celles contre lesquelles il est parfois difficile de se mobiliser parce qu’elles sont inaperçues, invisibles… ou considérées comme ‘normales’.
Diane Delafontaine