J’aime le rouge, le noir et le marron du sang séché; le drame, le tango et le chaud des entrailles.
Lorsque je peins ou que je sculpte, c’est une danse de funambule entre ce qui séduit et ce qui perturbe.
Parfois je glisse, parfois je tombe, mais l’art qui ne risque rien ne dit rien.
Alors je continue à errer et à me tromper. Parfois, c’est le miracle, la grâce, le juste contrepoint : L’intensité, l’humanité s’accordent.
Sentes caillouteuses
Depuis toute petite, je crapahute sur les mêmes chemins, fouinant, affrontant les épines pour cueillir les baies, filant d’un creux moussu à un trou d’eau.
D’autres préfèrent les routes larges, les sentes caillouteuses me vont mieux.
Je tourne en rond. Je reconnais souvent mes propres traces. Alors, je tente d’emprunter d’autres voies, d’explorer d’autres vallons. Mais les mêmes personnages me poursuivent et ma passion du rouge reste vive. Il me faut longer encore la lisière entre frayeur et séduction.
A chaque fois que je pose mon crayon sur une feuille vierge, c’est un défi. Je sais pourtant que voulant faire ceci, il en sortira cela et que, malgré moi, en voulant inventer, je ne ferai que redécouvrir.
Car je ne peux graver, peindre ou sculpter que l’énergie, la gaité, la sensualité et l’espoir. Même dans la tragédie, il y a toujours une gourmandise. Quelque chose me rappelle qu’il vaut mieux être en vie, même dans des situations révoltantes, plutôt qu’inexistante.