Jean Coulon

(Visionnez ici quelques-unes de ses œuvres)

Ha , Jean Coulon….
On ne se connaissait pas très bien et en même temps nous nous apprécions mutuellement. Nous étions toujours heureux de nous rencontrer. Comme si on faisait partie d’une même famille.

Jean Coulon est un homme bon, loyal et sincère.
Un esprit vif, incroyablement  vif.

Un être engagé. Un ami discret et précieux. Une belle personne.

Kikie Crêvecoeur


Hommage à Jean
Jean Coulon? J’ai d’abord rencontré ses gravures avant de le croiser.
Et je m’étais dit que pour si bien composer toutes ces gravures avec ces paysages aux instruments délirants, ce gars devait sûrement savoir les utiliser… et en effet, il savait en jouer !
Jouer des cuivres et en plus savoir le graver, belle harmonie …

Jean-Claude Salemi


L’artiste Jean Coulon nous a quitté en octobre 2020 à l’âge de 73 ans.

Dessinateur, typographe, musicien, comédien, Jean Coulon était un spécialiste de la très exigeante technique de gravure au burin. Inspiré par la musique, il réalisait un travail remarquable de précision, de légèreté et de fantaisie.

Né à Bruxelles en 1947. Il a étudié la gravure dans l’atelier de Gustave Marchoul à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de la Cambre. Dessinateur et graveur, il pratiquait également la typographie artisanale dans le domaine de l’édition à tirages limités. Ses activités de typographe l’ont amené à utiliser un matériel patiemment reconstitué comprenant presses à bras, anciennes casses, vieux caractères typographiques. Il était spécialisé dans la gravure au burin mais il gravait aussi sur bois ou sur cuivre à la pointe sèche et à la roulette, privilégiant tous les procédés sans acide. D’autre part, il exerçait des activités de musicien et de comédien depuis 1980. La musique inspirait d’ailleurs souvent son œuvre gravé. Il comptait parmi ses thèmes de prédilection les instruments à vent et plus particulièrement les saxophones auxquels il prête des allures fantasques. Jean Coulon avait obtenu Prix du meilleur livre d’artiste chez Guy Levis Mano à Paris, en 1986 ainsi que le second Prix Trace Idémédia-Credome, en 1993, avec la gravure Musique.

Texte issu du site du Centre de la Gravure


C’est un buriniste belge, Jean Coulon, que reçoit et expose Suzanne Paliard dans sa maison de Saint-Cyr. Autant dire qu’aujourd’hui, même s’il n’est pas le seul à pratiquer cet art, il appartient à une espèce rare, longtemps en voie de disparition. Le burin en effet a été, jusqu’ au mitan du XIXè siècle, la discipline reine de la gravure, la discipline noble.

Rappelons que la gravure au burin est un procédé propre, « direct » dit l’artiste, qui consiste à graver, sans autre forme de procès, à l’aide d’une pointe sur une plaque de cuivre : le burin doit être tenu fermement, exige de la force manuelle (il faut entailler le métal), et ce n’est pas le burin qui « dessine » comme le ferait un crayon, mais la plaque de cuivre même, que la main déplace sur une structure mobile. Le nom même de l’outil est tout un programme – on pense aux visages que le temps et le soleil burinent, mais aussi au mineur, au maçon, au sculpteur qui l’utilisent ; et pour tout dire « buriner », c’est d’abord familièrement « bûcher ». Une fois la gravure terminée, la planche passe sous la presse.

Il y a chez les burinistes une forme de sainteté : le temps exigé, la force et la concentration déployée, la régularité patiente des traits (pas de gribouillis rapide comme avec la pointe sur le vernis du cuivre à l’eau-forte ni de rattrapage possible), l’immersion profonde dans un labeur opiniâtre qui peut prendre plusieurs semaines, ne laissent pas d’évoquer le moine copiste du XIè siècle, mutique dans le scriptorium, éprouvant dans son immobilité même les rigueurs du temps, et avançant lettre par lettre sur le rêche parchemin, l’achèvement de sa copie.

Mais Jean Coulon, me dira-t-on ?  Eh bien, même s’il a les qualités susdites, il n’est pas un moine retiré du monde. Ses gravures parlent de la ville, de ses foules invisibles, de sa profusion, de sa folie, de sa complexité, de son absurdité, mais avec un sens de l’humour, visible si l’on prend le temps de s’arrêter sur les détails, qui en allège considérablement le poids… En même temps se déploie, sur le réel urbain, un imaginaire original aux effets incongrus, drôles parfois : galions du temps passé en radoub plantés sur leur étais et posés sur la ville horizontale comme la mer, instruments de musique, saxophone surtout, aux excroissances végétales, ou machines improbables aussi poétiques que celles de Tinguely prêtes à décoller. Je veux croire qu’ici la magie de l’imaginaire ouvre des mondes heureux. Sans compter que les plus réussies des estampes présentent cet aspect argenté qui transfigure le dessin et le papier, signe d’un métier et d’un art véritables, pour le plus grand bonheur du spectateur.

(Article publié par PB, Lyon,cf. www.rhonestampe)


« Jean Coulon ou la complicité de l’oreille ».

Réalisation : Jean-Jacques Péché et Dominique Van Goolen. Ateliers Inraci

Le film que Jean-Jacques Péché, accompagné des étudiants en cinématographie de la HELB (Haute Ecole Libre de Bruxelles), a consacré à Jean COULON, est aimablement prêté à l’Espace d’Art Le Neuf et sera projeté en continu, en hommage à Jean qui a accepté de nous ouvrir les portes de son atelier et de son univers.

Jean-Jacques PÉCHÉ