Depuis près de vingt ans, Géraldine de Bellaing (née à Bruxelles en 1971) développe une pratique artistique singulière qui mêle peinture, sculpture, art textile ainsi que le collage et l’art du portrait auxquels elle accorde un intérêt tout particulier.
Elle envisage son processus de travail comme un grand laboratoire d’expérimentations et son œuvre se caractérise par une attention constante à l’humain et à l’invisible qui habite les silences, les absences et les marges de nos réalités.
La série Voyage au pays des collages, entamée en 2018, illustre pleinement cette approche. Réalisés exclusivement à partir de papier journal, dans un format carré immuable, ces collages s’imposent par leur unité formelle autant que par leur richesse narrative.
Géraldine de Bellaing déchire, découpe, fusionne des fragments d’images issues de la presse quotidienne et les assemble avec une telle finesse que le geste même du collage semble s’effacer, laissant place à une image cohérente dans laquelle l’œil du spectateur cherche les coutures sans toujours les trouver.
Chaque œuvre s’articule autour d’une silhouette anonyme et solitaire, point focal à partir duquel se construit un univers propre, un instant silencieux de son histoire. Ce théâtre de l’intime, nourri par un regard profondément humain, aborde avec tendresse, gravité mais aussi parfois humour des thèmes tels que l’exil, la solitude ou la fragilité de nos existences modernes.
Loin de tout effet spectaculaire, les collages de Géraldine de Bellaing invitent à la contemplation et tentent d’insuffler de la poésie là où elle est trop souvent absente.
En écho à cette série, l’artiste présente une collection de petits portraits peints à l’acrylique en noir et blanc sur des panneaux de bois recouverts d’extraits de journaux. Réalisés d’après ses propres photographies prises à la volée dans la rue ou le métro des grandes villes où elle aime se promener, ces visages apparaissent dans toute leur densité émotionnelle et leur humanité. Par transparence, des fragments d’images imprimées émergent en arrière-plan, mêlant mémoire collective et histoire individuelle.
En mettant côte à côte ses collages et ses portraits peints, Géraldine de Bellaing nous propose une traversée sensible de notre monde dans ce qu’il a de plus humain.
« Miracle pourtant, il y a ses petits collages et si le procédé est riche de toute une histoire, dans son cas, il réserve de belles surprises. Modestie, regard sur la réalité, fignolages sans bavure, histoires et ajustements chromatiques, tendresse et profondeur de champ…. Les collages de Géraldine de Bellaing méritent qu’on s’y attarde et qu’on les adopte pour leur légèreté intuitive et responsable. »
Roger-Pierre Turine, Arts Libre, 04.05.22
www.geraldinedebellaing.be
Instagram : @geraldinedebellaing